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Photo du rédacteurLaurent Duperier

LE TREPIED EST-IL ENCORE UTILE AUJOURD’HUI EN PHOTO NATURE ? LA REPONSE EN 15 POINTS !




A l’heure où nous sommes en pleine bascule de l’univers des reflex vers celui des hybrides, il n’est pas inutile de s’interroger sur l’utilité de continuer à utiliser certains outils provenant de l’époque argentique.

En effet, dans leur grande majorité les nouveaux boîtiers hybrides sortis ces dernières années sont équipés de l’IBIS, cette stabilisation interne qui permet de gagner 3 ou 5 stops, voire plus…

Dans ces conditions, il est possible de photographier à main levée sans flou de bouger là où il était nécessaire auparavant d’utiliser un trépied.


D’où cette question : si vous n’avez pas de trépied, est-il judicieux aujourd’hui d’en acheter un ? De même, si vous en avez déjà un, va t’il dorénavant rester dans le placard ou bien faut-il carrément le vendre ? 🤔


Je vous propose dans cet article de tenter de répondre à ces interrogations. Pour cela, nous allons analyser la situation en passant en revue 15 cas d’utilisation du trépied en photo nature, et déterminer à l’issue quel choix est le plus pertinent. 😏


 

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UTILISATION DU TREPIED EN PHOTO DE PAYSAGE.

En paysage, l’utilisation du trépied se fait principalement pour l’utilisation d’une technique particulière. Celle-ci rend son emploi indispensable pour ne pas rater sa prise de vue.





Cas # 1 – Photo en pose longue.

La pose longue est la photo de paysage où typiquement, on prend le temps. Pas de contraintes de se déplacer, d’être léger, mobile… C’est le royaume de la chambre et du moyen-format. Ainsi, gagner quelques stops permettant de baisser la vitesse d’obturation c’est bien, mais en pose longue ça ne suffit pas. Dans ce type de photos, on va régulièrement chercher des vitesses d’obturation de plusieurs secondes, voire dizaines de secondes. A l’heure actuelle, aucune stabilisation IBIS ne vous permet d’atteindre cet objectif. Sans trépied, pas d’effet vaporeux sur l’eau avec les éléments immobiles bien nets (tout sera flou)…







Cas # 2 – Photo de nuit ou avant le lever du jour.

On est un peu dans la même situation que la pose longue avec cette fois des vitesses d’obturation de plusieurs dizaines de secondes, voire plusieurs minutes. Mode Bulb (B) recommandé voire obligatoire. L’IBIS ne vous aidera pas. Sans trépied, pas de photo possible…





Cas # 3 – Photo de paysage « classique ».

Par photo de paysage « classique », j’entends dans des conditions de lumière normales et avec une seule prise de vue par photo (pas d’assemblage en post-traitement). Lorsqu’on se situe dans des valeurs de vitesse d’obturation à peu près normales (lumière du jour), l’IBIS prend tout son sens. Si vous voulez assurer une bonne netteté tout en étant mobile, c’est un bon allié. Dans ces conditions, le trépied est inutile. Si vous l’utilisez tout de même ce sera plus pour ajuster finement la composition, pas pour assurer la stabilisation.







Cas # 4 – Photo de paysage en randonnée.

En randonnée en montagne, vous devez peser tout ce qui se trouve dans votre sac et n’emporter que l’essentiel. Le trépied est lourd et encombrant. En plus de vous ralentir, il vous enlève toute réactivité. Sans parler de vos compagnons de randonnée qui vont vous maudire à chaque fois qu’ils vous verront déplier votre trépied ! 😁

Si vous n’avez pas prévu de photos de nuit ou de cascades en pose longue, laissez le trépied à la maison. La stabilisation du boîtier (ou de l’objectif ou les deux) fera le job ! 👍







Cas # 5 – Photo de paysage HDR.

La photo de paysage HDR (High Dynamic Range) s’utilise lorsque la plage dynamique de la scène photographiée dépasse les possibilités de restitution du capteur numérique de votre boîtier. En d’autres termes, lorsque le contraste est trop important et qu’il y a de grands écarts d’intensité lumineuse entre les noirs et les blancs.

La solution consiste à prendre plusieurs photos avec des valeurs d’exposition différentes (souvent -2, 0, +2), pour ensuite les assembler en post-traitement. Cette technique permet ainsi de reconstituer toute la plage dynamique du paysage photographié. 🤩

Le HDR vous intéresse ? J'ai écrit un article décrivant cette technique sur mon blog :


Et le trépied dans tout ça ? Vu qu’il faut assembler plusieurs vues, il est indispensable de ne pas bouger et d’avoir un cadrage strictement identique. Le moindre décalage dans le cadrage se verra sur la photo assemblée. Dans ces conditions, le trépied est indispensable.





Cas # 6 – Photo de paysage avec focus stacking.

Le focus stacking est un décalage de la mise au point effectué sur plusieurs vues avec un cadrage identique. Il permet d’étendre la profondeur de champ pour avoir tous les plans nets. Comme pour la photo HDR, cette opération se fait par assemblage en post-traitement. Vu qu’il faut assembler plusieurs vues, il est indispensable de ne pas bouger et d’avoir un cadrage strictement identique. Le trépied est indispensable.







Cas # 7 – Photo de paysage panoramique.

On reste dans la série des photos faites par assemblage de plusieurs vues. Cette fois-ci, il y a un léger décalage de cadrage à chaque vue (avec recoupement pour aider le logiciel d’assemblage) pour construire l’image panoramique.

Contrairement aux deux cas précédents, le trépied n’est pas indispensable. Avec un peu d’habitude et un très bon logiciel d’assemblage, il est possible d’obtenir de bons résultats à main levée. Cependant, pour un résultat parfait, il vaut mieux utiliser un trépied.

La photo panoramique vous intéresse ? J'ai écrit un article invité décrivant cette technique sur l'excellent blog de Régis Moscardini :







UTILISATION DU TREPIED EN PHOTO ANIMALIERE.

En photo animalière, l’utilisation du trépied ne se fait pas pour utiliser une technique photo particulière comme en paysage. Son emploi est plutôt dicté par sa manière d’appréhender la photo animalière, sa pratique.



Cas # 8 – Photo animalière à l’approche (billebaude).

Cette manière de photographier est celle qui s’apparente le plus à la chasse. Elle est inscrite dans nos gènes dans le sens où elle est liée à nos instincts primaires de prédateur au sommet de la chaîne alimentaire. Pour être bien pratiquée, le photographe animalier doit avoir d’excellentes compétences de naturaliste et de pisteur avant même d’être un bon photographe. Elle exige une discrétion parfaite, une mobilité totale pour ne pas se faire repérer et effrayer l’animal.

Vous l’aurez compris, le trépied n’est pas le bienvenu… Au contraire, la stabilisation interne du boîtier est une aubaine !







Cas # 9 – Photo animalière à l’affût.

Cette manière de photographier est strictement l’inverse de l’approche. Vous avez pris le temps de repérer les indices de présence de l’animal, ses allées et venues… Vous avez choisi soigneusement l’emplacement de votre affût et allez passer des heures à l’intérieur à attendre l’arrivée de votre sujet. 🤪

Dans cette situation statique, le trépied me semble indispensable. Bien sûr, vous pouvez poser l’ensemble téléobjectif/boîtier sur votre sac pendant la période d’attente et ensuite le tenir à main levée pendant la prise de vue. Seulement, ce n’est pas aussi pratique que d’installer le tout sur un solide trépied. De plus, si la séance photo ne prolonge, vous allez vite fatiguer à photographier à main levée avec un téléobjectif et serez tenté(e) de le reposer. Sauf que le moindre mouvement du fût peut trahir votre présence…







Cas # 10 – Photo d’oiseaux en vol.

Cette pratique de la photo animalière se fait le plus souvent en milieu ouvert où la lumière est suffisante pour assurer des vitesses d’obturation importantes. Il faut un ciel dégagé pour voir arriver l’oiseau, assurer la visée et le suivi efficace de l’autofocus sans éléments gênants (branches…).

Dans ces conditions, la stabilisation, qu’elle vienne de l’électronique ou du trépied ne sert à rien car la vitesse doit être élevée pour figer les mouvements de l’oiseau.

L’utilisation du trépied avec rotule pendulaire (technique que j’aime utiliser) est un confort dans le suivi de l’oiseau tant que son déplacement est strictement horizontal. Si le vol est plus erratique, la technique à main levée est plus adaptée.

Selon moi, le trépied n’est pas utile (de nombreux photographes d’oiseaux font tout à main levée).





Cas # 11 – Photo animalière en vitesse lente.

Cette technique de photo animalière se fait le plus souvent à la tombée de la nuit ou au petit matin quand la luminosité est si faible qu’elle ne permet pas d’utiliser une vitesse d’obturation capable de figer le sujet.

Le parti pris est donc d’avoir recours à la technique du « filé ». On suit le sujet qui se déplace sur un axe horizontal, en utilisant une vitesse d’obturation basse. La stabilisation de l’objectif calée en mode « filé » associée à l’IBIS du boîtier peut produire de superbes résultats.

L’utilisation du trépied avec rotule pendulaire est à nouveau un confort pour réaliser cette technique, sans pour autant être nécessaire.

Selon moi, le trépied n’est pas nécessaire pour faire ce type de photos. Un peu de pratique et une stabilisation électronique font l’affaire.







UTILISATION DU TREPIED EN PHOTO MACRO.

En photo macro, l’utilisation du trépied est délicate car elle exige un modèle capable de descendre très bas, voire au ras du sol tout en étant léger et pas trop encombrant… Certaines techniques l’exigent pourtant comme pour la photo de paysage.





Cas # 12 – Photo macro « classique ».

Par photo macro « classique » j’entends la macro sans utilisation de technique particulière et à un rapport de grandissement allant de la Proxi photo jusqu’au rapport 1:1. Dans ces conditions, la lumière est suffisante pour utiliser efficacement la stabilisation interne du boîtier ou de l’objectif. Le trépied n’apporte que lourdeur et lenteur dans l’exécution de la prise de vue. Je pense donc qu’il est inutile.





Cas # 13 – Photo macro au-delà du rapport 1:1.

La photo macro avec des rapports de grandissement supérieurs à 1:1 implique des contraintes :

  • Manque de lumière qui oblige l’emploi d’un ou plusieurs flash(s),

  • Difficulté de mise au point en autofocus ou manuel,

  • Montée en ISO pour compenser le manque de lumière et maintenir une vitesse d’obturation suffisante.

En combinant lumière artificielle du flash et stabilisation IBIS, le photographe peut arriver à se débrouiller pour surmonter les difficultés évoquées. Pourtant, le trépied (bien adapté à la macro) peut apporter du confort dans la prise de vue. Je pense donc qu’il est recommandé.







Cas # 14 – Photo de micro paysages naturels.

Ce type de photo implique de positionner le boîtier au ras du sol. Pour le stabiliser, un vêtement ou un petit coussin sont plus efficaces. Je pense donc que le trépied est inutile car trop pénible à utiliser au ras du sol.





Cas # 15 – Photo macro avec focus stacking.

Le focus stacking est une technique encore plus utilisée en macro qu’en paysage. Et oui, plus le rapport de grandissement augmente, plus la profondeur de champ diminue. Ceci cumulé avec le manque de lumière qui oblige à ouvrir le diaphragme, complique grandement la vie du photographe de macro. Voila qui explique le succès du focus stacking en macro. Cette technique a pourtant ses limites car le vent doit être absent et le sujet immobile.

Concernant le trépied, verdict identique que pour le paysage, il est indispensable.





CONCLUSION.


Allez, c’est l’heure de faire le bilan des 15 cas évoqués ci-dessus :


Eh bien quand on regarde les résultats, le moins que l’on puisse dire c’est que c’est serré pour le total général ! 😮 Si l’on associe la mention « recommandée » et « indispensable » on n’arrive qu’à un total de 8 cas sur 15.


Comment trancher alors ? Eh bien encore une fois, à condition d’avoir accès à une stabilisation électronique par le boîtier et/ou l’objectif, c’est votre pratique qui va dicter la nécessité ou pas du trépied. C’est pour cette raison que j’ai ajouté les totaux intermédiaires par discipline (paysage, animalier, macro). Je pense que cette vision affinée devrait grandement faciliter votre décision !


Me concernant, la messe est dite. Je pratique principalement la photo de paysage avec l’emploi de l’ensemble des techniques spéciales évoquées, donc trépied obligatoire ! Eh bien ça tombe bien c’est ce que je fais depuis toujours, au grand désespoir de ceux qui m’accompagnent en sortie photo et qui râlent quand je déplie le trépied ! 😁


A bientôt.

Bonnes photos. Prenez soin de vous. 🙏





Laurent DUPERIER

Photographe et formateur photo nature





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944 vues6 commentaires

٦ تعليقات


7041.contact
٠٤ يناير ٢٠٢٢

On se posait tous la question c’est sur…merci de nous fournir cette réponse cartésienne 🥇

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Laurent DUPERIER
Laurent DUPERIER
٠٥ يناير ٢٠٢٢
الرد على

Merci beaucoup. Content que ça vous ait été utile ! 😉

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Jacques Perreau
Jacques Perreau
١٩ ديسمبر ٢٠٢١

Excellente analyse et synthèse brillante…merci de ce récapitulatif… de plus et au-delà de l’utilisation du trépied en général, chacun peut trouver  »trépied à sa photo » étant donné la diversité des types de trépieds - monopodes - carbone - alu - pano - inversé etc etc ….😊

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Laurent DUPERIER
Laurent DUPERIER
١٩ ديسمبر ٢٠٢١
الرد على

Bonjour Jacques. Vraiment merci pour ce commentaire qui me fait extrêmement plaisir ! Effectivement, je n'ai pas voulu entrer dans l'analyse technique du produit en lui-même. Il existe tellement de trépieds différents qu'il faudrait un article dédié sur le choix du modèle en fonction de sa pratique ! 👍

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Jean-Pierre Roux
١٩ ديسمبر ٢٠٢١

Bonjour Laurent,

Merci pour tes conseils avisés.

Bonne journée.

Jean-Pierre.

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Laurent DUPERIER
Laurent DUPERIER
١٩ ديسمبر ٢٠٢١
الرد على

Bonjour Jean-Pierre. Merci beaucoup pour ce commentaire. Je suis ravi que l'article t'ait été utile. 😉

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