Vous pratiquez la photo nature et votre boîtier reflex numérique, qui vous a suivi dans toutes vos sorties par tous les temps, commence à dater et donne des signes de faiblesse. Vous commencez à envisager sérieusement son remplacement. Seulement, depuis la dernière fois que vous avez acheté votre matériel photo, la donne a changé. Un nouveau type de boîtier est venu prendre de plus en plus de place sur les étagères des magasins photo : les hybrides.
Quel intérêt de créer les hybrides ? Les reflex vous convenaient bien. Cependant, au moment d’envisager un nouvel achat, vous vous demandez si l’aventure hybride est faite pour vous…
Alors, si on comparait un peu ce que peut vous apporter un boîtier hybride en photo nature vis-à-vis de la valeur sûre que représente le reflex ? Je sens bien que ça vous tente, non ? C’est parti !
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Avant d’aller plus loin, il faut répondre à cette question : qu’est-ce qu’un boîtier hybride ? Une autre manière de l’appeler est : mirrorless (sans miroir). Vous commencez à comprendre ? La différence fondamentale avec un boîtier reflex est que l’hybride n’a pas de vidée « reflex ». Un petit schéma vaut mieux qu’un long discours…
Comme vous pouvez le voir ci-dessus, il n’y a pas de miroir pour dévier la lumière et permettre la visée dans un boîtier hybride. La visée se fait via un viseur électronique relié à l’image se formant sur le capteur.
Il y a donc moins de pièces dans un hybride (pas de miroir, pas de prisme). La visée est donc différente (électronique) c’est pourquoi on ne retrouve plus la bosse sur le dessus, nécessaire pour loger le prisme de visée.
OK, vous commencez à voir plus clair entre reflex et hybride ? C’est le moment d’entrer dans le détail du comparatif avec 15 points de comparaison en utilisation photo nature !
⚠ Attention : l’avis porté sur chaque point de comparaison ne porte que sur une utilisation en photo nature (à la fois paysage, animalier, macro) et n’engage que moi. Je vous le donne pour vous aider à comprendre ce qui différencie les reflex (derniers modèles) des hybrides (derniers modèles) dans ce domaine. Vous pouvez tout à fait ne pas partager mon avis…
Point de comparaison # 1 – Les champions à la pesée.
Conséquence d’un nombre de pièces plus important (cf. schéma ci-dessus), les boîtiers reflex (à gamme équivalente) sont plus lourds que les hybrides. C’est un désavantage en photo nature si l’on doit souvent transporter son matériel sur de grandes distances et photographier dans des conditions difficiles (dénivelé important en montagne…). 🤪
Toutefois, parfois le poids est utile pour équilibrer le matériel photo à main levée, comme en photo d’oiseau en vol avec un lourd téléobjectif. 👍
Point de comparaison # 2 – C’est qui le plus gros ?
Dans la continuité du point #1, les reflex sont plus gros que les hybrides (pour loger le matériel de visée). Ceci est dans la plupart du temps un inconvénient. Ils prennent plus de place dans le sac et sont moins discrets.
Il faut tout de même pondérer cet inconvénient pour ceux qui ont de grandes mains et qui vont préférer un boîtier de plus grande taille afin d’améliorer la tenue en main. Personnellement, j’ajoute systématiquement à mes boîtiers une poignée d’alimentation pour avoir une meilleure préhension (et 2 batteries). Donc, je ne suis pas fan des petits boîtiers, question de préférence…
Point de comparaison # 3 – Qui a la meilleure visée ?
On ne présente plus la visée reflex. C’est notre quotidien de photographes depuis des décennies. Sa qualité n’est pourtant pas égale suivant les gammes de boîtiers. Elle dépend de la clarté du pentaprisme, de la couverture à 100% de la visée (pour que ce que l’on voit corresponde exactement à ce qui sera sur la photo), du taux d’agrandissement et du dégagement oculaire (surtout pour les porteurs de lunettes comme moi).
Sur les premiers hybrides, le viseur électronique était une horreur (manque de résolution et taux de rafraîchissement d’image beaucoup trop lent). Ceci a grandement contribué au rejet de cette technologie par les photographes attachés à la visée reflex. Ces temps là sont révolus. Les derniers hybrides ont des viseurs HD fluides (en entrée de gamme, il y a encore un peu de marge de progression). L’inconvénient du viseur électronique est sa consommation électrique qui diminue l’autonomie de la batterie…
Selon moi, voici les plus de la visée hybride :
En photo nature par forte luminosité, l’écran arrière est inutilisable. L’hybride permet d’utiliser le viseur pour retrouver l’équivalent de l’écran arrière en toutes circonstances.
La visée est à 100% puisque vous voyez ce que voit le capteur.
L’image dans le viseur étant comme celle de votre écran arrière en mode live-view, vous pouvez afficher de nombreuses informations de prise de vue, simuler l’exposition et la profondeur de champ.
La mise au point manuelle est devenue extrêmement précise grâce au focus peaking (affichage dans le viseur des zones nettes). Cette fonctionnalité ravira les adeptes de photo animalière et macro.
On peut zoomer dans le viseur pour s’assurer de la netteté de la mise au point !
Point de comparaison # 4 – Qui a la meilleure autonomie ?
Je l’ai évoqué dans le point précédent, le revers du viseur électronique c’est sa gourmandise en énergie.
Concrètement, si vous devez rester une journée caché dans un affût avec un boîtier hybride, il vaut mieux prévoir un jeu de batteries de rechange au cas où. Rien de pire que d’utiliser le viseur électronique pour rien pendant des heures et tomber en panne de batterie au moment de photographier… 😭
Point de comparaison # 5 – Qui a la meilleure rafale ?
C’est un des points qui a poussé les fabricants à investir massivement sur l’hybride. La technologie reflex est arrivée à un point où elle ne peut plus augmenter sa vitesse en rafale à cause du miroir (le maillon faible de la chaîne).
En l’absence de miroir, l’hybride s’affranchit de cette contrainte physique. Les premières générations n’étaient pas terribles en vitesse de rafale, mais les derniers boîtiers sortis sont juste affolants (20 images/sec avec l’obturateur électronique). Les chiffres se passent de commentaire pour une utilisation en photo animalière… 😮
Point de comparaison # 6 – Qui a le meilleur autofocus ?
L’autofocus est un des points les plus critiques pour le choix d’un boîtier adapté à la photo de nature (surtout animalière).
Là aussi, la technologie reflex avec capteur autofocus (mise au point à détection de phase) est arrivée au bout de ce qu’elle peut donner avec les dernières générations de boîtiers pro de chaque grande marque.
Les premières générations d’hybrides avaient un autofocus poussif bien que muni d’une large plage de détection. Ceci cantonnait ces boîtiers aux sujets peu remuants. Aujourd’hui, c’est fini
.
Selon moi, voici les plus de l’autofocus hybride :
Finis les front et back focus (décalage de la mise au point à l’avant ou l’arrière de la zone de mise au point) qui nécessitent un micro-ajustement de l’autofocus. Avec l’hybride, la mise au point autofocus se fait directement sur le capteur (par détection de contraste). Ceci garantit une absence de décalage.
La couverture autofocus se fait sur presque 100% de la surface de l’image !
L’hybride permet un suivi des mouvements avec détection des visages, mais surtout des yeux👀. Sur les derniers boîtiers haut de gamme, les yeux des animaux (oiseaux compris) sont même détectés !
Point de comparaison # 7 – Qui est le plus discret ?
En photo animalière, être discret c’est ne pas déranger la faune pour ensuite réussir à faire de meilleures photos (un animal pris en train de s’enfuir n’est pas vraiment ce qu’on peut appeler une bonne photo).
Au fil des années, les boîtiers reflex ont progressé, mais ils seront toujours limités par le « clac » du miroir. Les modes silencieux ne sont que des pansements…
Les hybrides arrivent à enchaîner des rafales à haute vitesse en silence. No comment… 🤩
Point de comparaison # 8 – Qui est le plus stable ?
En photo nature, l’absence de vibrations garantit souvent une photo nette quand on atteint des vitesses d’obturation basses. En photo de paysage, je ne déclenche quasiment jamais directement avec le doigt. J’utilise un trépied et enclenche le retardateur 2 secondes associé au relevage du miroir (pour éviter les vibrations de celui-ci).
L’hybride s’affranchit de ce souci de vibration (absence du miroir).
Pour enfoncer le clou, les derniers hybrides sortis offrent la stabilisation interne du boîtier que l’on peut associer à celle de l’objectif. En reflex, ceci existait déjà mais pas pour toutes les marques (Canon pour la citer). 🤔
Point de comparaison # 9 – Qui a la meilleure qualité d’image ?
Les boîtiers reflex et hybride partageant au sein d’une marque les mêmes capteurs, la qualité d’image est logiquement identique.
Point de comparaison # 10 – Qui a les meilleures optiques ?
Les optiques pour boîtiers reflex et hybride ne sont pas directement compatibles. Heureusement, celles crées pour les reflex peuvent être utilisées sur les hybrides avec l’aide d’une bague adaptatrice.
Aujourd’hui le parc optique des reflex est très largement au dessus (en quantité et diversité) de celui des hybrides. Pourtant, ce qui est valable maintenant ne le sera plus dans quelques années. En effet, comme pour les boîtiers, les fabricants ne sortent pratiquement plus que des objectifs dédiés aux hybrides.
Selon moi, voici les changements apportés par la technologie hybride :
Les bagues d’adaptation permettent d’utiliser de vieux objectifs d’autres marques (parfois juste en manuel) en leur donnant une seconde jeunesse.
Les objectifs en monture hybride suivent la mode des boîtiers et adoptent souvent le downsizing. Ils sont plus compacts et plus légers, ce qui devient un avantage en photo animalière. Les dernières formules optiques utilisées les rendent également très performants.
Pour autant, si comme moi vous êtes déjà bien équipé en objectifs pour reflex, une bague adaptatrice suffit.
Point de comparaison # 11 – Qui a le meilleur rapport qualité/prix ?
Les boîtiers reflex sont clairement en perte de vitesse sur le marché de la photo. La conséquence est un prix du neuf qui baisse pour arriver à vendre le stock mondial. Acheter un reflex d’entrée de gamme est aujourd’hui une bonne affaire car ils bénéficient d’une bonne partie de la technologie éprouvée sur les gammes supérieures pour un prix raisonnable. Les hybrides en comparaison restent moins abordables.
En haut de gamme, les choses ont tendance à s’équilibrer.
Point de comparaison # 12 – Qui est le plus fiable ?
Difficile de se projeter sur la fiabilité des hybrides car ils sont sur le marché depuis bien moins longtemps que les reflex. Ce qui est sûr c’est que les boîtiers reflex, qui dans leur déclinaison expert et pro ont accompagné les photographes de nature aux 4 coins de la planète dans des conditions difficiles (froid, pluie, neige, sable…) ne vous lâcheront pas de sitôt. Les hybrides embarquant davantage d’électronique, on peut craindre davantage de pannes et donc je suis moins confiant à leur égard… 🙄
Point de comparaison # 13 – Qui est le plus facile à faire évoluer ?
La mise à jour du firmware des reflex existe depuis longtemps, mais ne peut s’effectuer que sur une partie des caractéristiques du boîtier. Les hybrides embarquant davantage d’électronique, il est logiquement plus facile de les faire évoluer (ou de corriger un bug) via une mise à jour de leur firmware.
Point de comparaison # 14 – Qui a le plus d’avenir ?
Un appareil photo, c’est un outil. Un merveilleux outil certes, mais lorsqu’il devient « démodé » il finit par disparaître au profit d’un autre outil plus dans l’air du temps. C’est ce qui est en train de se passer dans cette passation de flambeau entre reflex et hybride. Dès cette année, les grandes marques photo ne proposent plus que des hybrides en nouveaux boîtiers. C’est la mort annoncée du marché du neuf en reflex.
Bon, la bonne nouvelle c’est que le marché de l’occasion n’aura jamais été si riche du côté reflex. Il y a vraiment de super affaires sur des boîtiers au top de la technologie reflex, qui vous procureront du plaisir photographique pendant encore de longues années ! L’argentique n’est pas mort, il vit toujours en occasion. Il en sera de même du reflex !
Point de comparaison # 15 – Qui est le meilleur selon l’activité nature ?
Les besoins des photographes ne sont pas les mêmes selon qu’ils pratiquent la photo de paysage, animalière ou macro. C’est pourquoi je vous propose 3 toiles d’araignées pour vous faire une idée plus précise des forces et faiblesses des boîtiers reflex (en bleu) et hybrides (en orange) dans ces domaines.
💡 Nota : les critères diffèrent selon les exigences de chaque discipline.
Vous l’aurez compris, selon moi, les boîtiers reflex font tout avec une grande efficacité. Les hybrides ont repris le meilleur des reflex sans les contraintes et font donc tout un peu mieux…
CONCLUSION.
Et si on faisait le point ? Il est temps de mettre bout à bout chaque élément de comparaison pour une utilisation en photo de nature. Les critères d’attribution de points sont :
Egalité = 1 point chacun
Avantage léger = 1 point
Avantage net = 2 points
La lecture du tableau ci-dessus ne rend pas hommage aux boîtiers reflex. En fait, plus qu’une franche domination, selon moi c’est l’accumulation de petits plus qui fait que l’hybride remporte ce match de la photo de nature. 🏆
Pour autant, le matériel dernier cri ne fait pas tout en photo (loin de là) et le reflex a encore de beaux jours devant lui. Il deviendra progressivement un marché de niche, comme l’est encore l’argentique.
A la question du début de cet article : devez-vous passer à l’hybride si vous comptez acheter un nouveau boîtier ? La réponse est loin d’être évidente :
Si vous êtes débutant et visez un boîtier d’entrée de gamme, les reflex ont un rapport qualité/prix imbattable.
Si vous êtes plus avancé et visez un boîtier expert/pro, le dilemme se pose entre l’achat d’occasion (en neuf je ne conseille pas) d’un des derniers reflex pro ou l’achat neuf d’un hybride haut de gamme fraîchement sorti.
Chacun fera son choix en fonction de ses critères. Personnellement, j’essaie de plus en plus de me détacher de l’affectif et considérer mon boîtier comme un outil au service de ma créativité. Si j’ai l’occasion d’avoir dans le futur un outil plus performant, pourquoi pas ?
Bonnes photos.
Prenez soin de vous. A bientôt.
Laurent.
Laurent DUPERIER
Photographe et formateur photo nature
Instagram : https://www.instagram.com/laurent_duperier/
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Je viens juste de migrer du reflex ( 5D4) vers l’hybride (R5) , et je dois dire que ça me rappelle beaucoup la migration de l’argentique vers le numérique. Il y a technologiquement une grande différence, mais cela impacte aussi nos habitudes prises au fil du temps…. Certes un petit effort est nécessaire pour se recréer une zone de confort dans l’usage de ce nouveau matériel, mais clairement le résultat récompense largement l’effort.